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dimanche 30 décembre 2012

Nos maladies de civilisation



Saisissant, c'est le mot qui vient à l'esprit quand on finit la lecture de ce hors-série de Science-et-vie nommé Maladies de civilisation.
Pourquoi ? Parce qu'il est daté de Décembre 1976, il y a 36 ans. C'était hier...
Et on savait déjà. Souvent, il faut se pincer: oui, ces articles datent du début 1977...
 On a le sentiment que tout est déjà là, tout ce que les magazines de santé nous répètent à longueur de journée, tout ce que les pouvoirs publics pointent du doigt : combien d'articles du magazine pointent les effets néfastes de la sédentarité ? Combien de fois la malbouffe est-elle dénoncée ? Sans parler évidemment du tabac ou de l'alcool.
Passage en revue des articles et sélection de textes.
-Le coût du progrès de Henri Bour, un article bien équilibré qui montre ce que l'homme contemporain a gagné et ce qu'il risque de perdre. Il cite René Passet:
«Mais la croissance poursuivie sur ces bases, parce qu'elle omet de comptabiliser les coûts de l'homme et des dégradations de l'environnement, touche aujourd'hui aux doubles limites d'un univers fini aux ressources non illimitées et d'un monde vulnérable régi par des régulations dont le maintien des mécanismes conditionne la survie des sociétés humaines. »
On dirait du Nicolas Hulot.
- En danger dès la conception ? Les connaissances médicales et la prise en charge ont certainement progressé depuis cet article qui traite du fœtus.
«Une connaissance plus précises des périls auxquels peut être exposé le fœtus permettrait d'éviter bien des catastrophes. Or la femme enceinte est encore loin dans notre pays d'être assez bien surveillée. Les programmes de prévention qui sont de leur compétence technique exigent de l'argent. Et seul l'Etat est maître des choix. Dans une démocratie des citoyens bien informés devraient pouvoir influencer les décisions gouvernementales. »
- Notre air contaminé parle des polluants atmosphériques mais aussi des méfaits du tabac. En le lisant, on se dit que c'est fou qu'il ait fallu plus de vingt ans (30 ans en fait) pour interdire le tabac dans les lieux fermés, les lieux publics...
«Chaque jour, l'individu normal mobilise, par l'intermédiaire de ses poumons, quinze kilogramme d'air, le plus souvent contaminé. Par 24 heures, le rythme de la respiration se traduit par 20 000 entrées ou sorties d'air. Rien d'étonnant à ce que l'appareil respiratoire devienne la cible de toute dégradation du milieu aérien. »
- Vieillissement et vie moderne. Il y avaient 7 millions de français de plus de 65 ans recensés au 1er janvier 1973.  Comme pour l'article sur le fœtus, on peut noter un progrès de notre société dans la prise en charge des personnes âgées.
- Pollution des eaux et santé. Heureusement, on s'en inquiétait déjà en 1976...Depuis, le contrôles des eaux s'est amélioré, le traitement aussi, mais les polluants sont toujours plus nombreux.
- Cancer et environnement.
Page 60: «Dans toutes les professions où l'amiante est utilisée, il y a risque de cancérisation: mineurs, ouvriers des chantiers navals, de l'industrie du bâtiment, dans les professions où sont manipulés des isolants thermique.» Depuis, l'amiante a été interdite, des procès et des condamnations ont eu lieu, des morts aussi. Et dans l'article, l'amiante est traitée au même niveau que d'autres substances moins " médiatiques": amines aromatiques, benzol, arsenic, chlorure de vinyle. L'auteur (Georges Rudali) dit aussi (p.67): "Il serait difficile de trouver en France cinq chercheurs techniquement compétents dans ce domaine qui a dépassé le simple cadre des laboratoires"
- Trop manger mal manger. Il pointe la malnutrition par excès, la diminution des dépenses musculaires et énergétiques, trop de sucre raffiné (le sucre ne demande qu'un travail digestif infime et son assimilation permet de retrouver très vite un bien-être détruit par la fatigue ou un choc psychologique), l'excès de lipides saturés et de viande ( Le Français est le plus gros consommateur de viande de la CEE. La plupart de nos concitoyens surévaluent leurs besoins et surestiment la place de la viande parmi les autres aliments.), l'excès de sel...
- Alcool 77  « Nous connaissons de façon précise (en France) la consommation de vin depuis 1830; le chiffre de 200 litres de vin par adulte et par an, constaté en 1950-54 est comparable à celui de 1900. En 1974: 154 litres.» Par-contre, La consommation de whisky décuple.
- Toxiques et alimentation. Antiseptiques, antibiotiques, insecticides...accidents spectaculaires chez les agriculteurs qui manipulaient les esters organophosphorés, dangers des matériaux d'emballage en plastique.
- Un malaise généralisé ? Évolution de la normalité, on appelle aujourd'hui trouble psychiatrique ce qui, il y a 30 ans, passait pour une manière d'être. L'auteur, Jacqueline Renaud, conclut, p.103:
«Absence de silence, absence d'immobilité sont autant de carences (....) mais on vit plus vieux à Paris, dans les vapeurs d'essence, qu'à la campagne! On se suicide plus à la campagne qu'en ville (...) l'anxiété vient de l'insécurité actuelle. Soit. Mais depuis l'époque des cavernes, comment pourrait-on établir une échelle de sécurité comparée de l'individu? 1977 a ses inconvénients. Ils sont différents, mais sont-ils plus sérieux que ceux de 1877? L'an 3000 aura sûrement les siens...»
- Le cœur et les vaisseaux. Dans les pays développés, deux individus sur trois meurent d'un accident cardiovasculaire ou cérébrovasculaire. Tout ce qui est dit dans l'article est encore d'actualité.
- Sommes-nous malades de la médecine ? d'Alain Castaigne, chef de clinique-assistant  des hôpitaux. Visionnaire. Avec 35 ans de recul, c'est l'article qui m'a le plus fasciné. On voudrait en citer chaque ligne.

La prescription automatique de médicaments à la fin de chaque  visite  chez le médecin sert souvent à faire écran entre le médecin et son malade; et, I'assujettissement  permanent  à une thérapeutique  d'intérêt hypothétique a l'inconvénient de transformer le sujet en malade chronique.
Les intérêts financiers de l'industrie pharmaceutique, enfin, sont loin de concorder, à court terme au moins, avec celui des malades.

- L'homme et les rayonnements. Article intéressant, pro-nucléaire, dans la tradition de Science-et-vie.
«Pour la population générale, le niveau d'irradiation associé aux activités humaines est nettement inférieur à celui résultant des sources naturelles auquel notre espèce est soumise depuis ses origines» et aussi:
 «En France, c'est par centaines, voire par  milliers, que l'on doit compter les décès par accidents du travail. L'industrie nucléaire s'est montrée de ce point de vue fort peu meurtrière depuis environ trente ans qu'elle existe. Elle n'en constitue pas moins une cible bien connue pour les défenseurs de l'environnement», illustré par un ouvrier en équilibre sur une poutrelle tandis qu'au dessus des "barbus-chevelus"manifestent...
- Les toxicomanies page 138.                  - Société et maladie mentale p.148. Pas grand-chose à dire sur ces deux articles qui sont des passages en revue des drogues et des problèmes psychiques.
Le magazine est richement illustré par des photographies qui montrent une société qui nous paraît "démodée", mais qui est toujours la notre actuellement.
Le magazine format PDF (67 MO)

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