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vendredi 22 mars 2013

Tobie Lolness, tome 1.



Littérature jeunesse
Tobie Lolness. Tome 1. Gallimard jeunesse, publié en 2006. Illustrations de François Place. 

Waouh, ça faisait longtemps, mine de rien, que je n'avais pas lu un livre d'un trait, enfin deux ou trois. On le lâche quelques heures, pour ne pas se lasser, puis on le reprend, on en avale de grandes gorgées, on voyage dans le Grand Arbre-continent des Cîmes aux Basses branches. On est avec le héros éponyme, ça faisait longtemps que je n'avais pas eu 13 ans (et que je n'avais pas été aussi courageux...), et on est lilliputien, on a peur des fauvettes, des grenouilles qui vous happent tout cru, des charançons prêts à vous dévorer, des araignées noires aux yeux rouges dans la nuit menaçante en fuite éperdue, on a un père de génie, une maman très douce, et la belle Elisha s'inquiète pour vous...
Il lui fallait une oeuvre...

Quand on arrive à la dernière page, on est étonné de voir qu'il ne s'est passé que quelques heures. Voilà un palpitant récit (écologique). Dans la littérature jeunesse, les auteurs n'hésitent pas à développer des métaphores puissantes. Ici, l'arbre symbolise un continent, et on voit que l'exploitation des ressources naturelles par des cupides capitalistes entraîne tout un peuple vers l'égoïsme, l'asthénie et la mort.
J'avais découvert Thimothée de Fombelle, né en 1973 (un bon cru), à l'occasion d'un entretien dans Télérama. J.K. Rowling et Philip Pullman m'avait redonné le goût de la littérature jeunesse, il n'en fallait pas plus pour éveiller ma curiosité pour ce succès mérité d'un auteur français.
Bref, je le ramène demain à l'Astrolabe et j'emprunte le deuxième tome.
(https://etherpad.mozilla.org/ep/pad/view/ro.F5TbPc9HoFg/latest)

mercredi 20 mars 2013

Retour à la nature avec H.D. Thoreau


    «Le coût d'une chose est le montant de la vie requise en échange»

étang de Walden (Wikimédia)

Walden ou la vie dans les bois, de Henry David Thoreau, 1854. Un journal naturaliste de 350 pages.
Article très complet de Wikipédia: Walden ou la vie dans les bois

Il me fait de l’œil depuis longtemps, Thoreau, un nom majestueux, souvent lu au détour de critiques littéraires sur des livres US, bref, une sorte de légende qui entoure ce nom composé. Je me lance sans vraiment savoir ce que je vais trouver. C'est un eBook  téléchargé sur le site Feedbooks, fichier au format epub transféré sur ma liseuse.
Dans le premier chapitre, Thoreau explique sa philosophie de la frugalité. Il se compare à ceux qui héritent de fermes, et qui doivent travailler dur pour les garder
 «Pourquoi à peine ont-ils vu le jour, devraient-ils se mettre à creuser leur tombe (...) ils s'emploient à amasser des trésors que les vers et la rouille gâteront .»
Pour l'écrivain philosophe, ils mènent une vie d'insensé à vouloir des choses qui ne sont pas essentielles. Ils sont prisonniers d'une vision des choses que la société leur a inculqué car « L'opinion publique est un faible tyran comparé à notre propre opinion privée. »
Pour lui, le luxe est un obstacle à l'ascension de l’espèce humaine. Il recense ce qui est essentiel: le Vivre, le Couvert, le Vêtement et le Combustible. Se tenir chaud, retenir la chaleur vitale. Les informations véhiculées par les journaux ne sont que des commérages, distractions inaptes à décrire la réalité.
« Or le coût d'une chose est le montant de ce que j'appellerai la vie requise en échange.» Une phrase à méditer quand on pense à la manière dont sont fabriquées les barres chocolatées qu'on achète dans nos supermarchés.

Thoreau se permet de longs développements sur l'économie, puis il passe à de belles descriptions de la nature, le  réveil du printemps, les étangs gelés et les beautés du dégel, les cendres encore ardentes de l'été,  les animaux, chats-huant sages sorciers de minuit, le soliloque de l'écureuil rouge, le retour des pinsons et des gélinottes . L'écrivain a des talents de menuisier, de bûcheron, et il construit lui-même sa maison. Puis il publie dans le corps de son texte le tableau de ce qu'elle lui a coûté. Son plus grand talent est de se contenter de peu.

 Ce qui l'entoure devient le monde entier, les Bruits, la Solitude, son Champs de haricots, le Village, les Étangs ..Quand il rencontre un tourbier qui vit difficilement, il lui vante son mode de vie frugal, sans café, ni thé, ni viande. Il préfère se passer de tout et élève cette ascèse à une forme de philosophie monacale et têtue. L'homme pousse l'austérité jusqu'à son extrémité plutôt que de subir la loi de la société.

Ce n'est pas une lecture facile, c'est le genre de classique où il faut parfois accepter de s'ennuyer, s'accrocher en vrai bon lecteur, parce que c'est ton socle, ce qui te fonde, le réservoir de mot-images qui reste en soi, comme un sédiment mémoriel. Et on est récompensé par des bonheurs d'écriture. Au détour d'une page, on tombe sur la description d'une chouette qu'il épie dans un paysage de neige, ou de l'écureuil rouge qui vient se nourrir à sa fenêtre :
 «...devant ma fenêtre, d'où il me regardait dans les yeux, et où il restait des heures, se pourvoyant d'un nouvel épi de temps à autre, qu'il grignotait d'abord avec voracité, et dont il jetait çà et là les raffes à demi dépouillées; jusqu'au moment où, devenu encore plus difficile, il jouait avec son manger, se contentant de goûter à l'intérieur du grain, et où l'épi, tenu d'une seule patte en équilibre sur le morceau de bois, échappait à sa prise insouciante pour tomber sur le sol, où il le lorgnait avec une expression comique d'incertitude, comme s'il lui soupçonnait de la vie, l'air de ne savoir s'il irait le reprendre, ou en chercher un autre, ou partirait; tantôt pensant au maïs, tantôt prêtant l'oreille à ce qu'apportait le vent. C'est ainsi que le petit impudent personnage gaspillait maint épi dans un après-midi; jusqu'à ce que pour finir, s'en saisissant d'un plus long et plus dodu, beaucoup plus gros que lui, et le balançant avec adresse, il prît la route des bois....»
Cette lecture d'un homme qui se contente de peu et qui prend ce que la nature lui donne, qu'il s'agisse du bois pour se chauffer ou de ce qu'elle apporte à ses cinq sens reste une leçon de vie qui fouette la raison de l'homme du XXIe siècle. Je ne vais pas sortir le couplet sur la société de consommation, Thoreau narrateur est un anachorète qui vit tellement loin de ça que ça n'aurait pas de sens. Mais quand on regarde la date, 1854, et ce que les USA sont devenus, ça laisse pensif. On se demande comment est reçue/étudié cette oeuvre aujourd'hui.
Ce qui m'en reste, les descriptions très concrètes de la nature, le passage des saisons, un vent de fraîcheur dans le cerveau.

lundi 11 mars 2013

L'empreinte du temps qui passe, Les Années d'Annie Ernaux



En tant que lecteur, cela a toujours été une aventure de lire Annie Ernaux. Je me souviens des émotions suffocantes que j'avais quand je lisais La place, Une Femme, Les Armoires vides , La Femme gelée, dans les années 90. Identification à ce vécu de fossé social, entre ses origines et ce qu'on devient, ce que la lecture, les études vous apprennent et qui vous sépare de vos origines.

Ici, c'est plus apaisé. Étonnant à quel point on entre facilement dans ce livre, de plain pied, on s'y installe.
 Nous sommes à l'heure du bilan pour l'auteur qui portait l'idée de ce livre depuis très longtemps. Dans le grenier de sa mémoire, l'écrivaine sort de leur boîte des images, des photos de la fillette, de l'adolescente, jeune femme qu'elle a été jusqu'à la femme mûre qu'elle est devenue. Que les autres disent "vieille". Elle se décrit de la façon la plus objective possible, extérieure à elle-même, sans égard. Et s'égrènent les souvenirs.
Annie Ernaux, Télérama, 2008

Dans ce livre plutôt court pour une autobiographie, même impersonnelle  il y a plusieurs livres. Un catalogue des faits marquants de l'actualité, et la vie ordinaire d'une professeure de Français dans la France contemporaine, les repas collectifs avec les parents puis, à la fin, avec ses enfants. Une vie de femme qui note les progrès de sa condition, qui prend elle-même sa liberté, de la femme mariée "classique" qui s'étiole à la femme mûre marquée par son amant russe (Passion simple) ou ses amants plus jeunes. Annie Ernaux excelle à faire sentir la libération sexuelle des soixante dernières années, le livre prend une portée historique de ce point de vue là.
De son coté, le lecteur sent bien sûr sa propre mémoire se réveiller, des échos viennent le harceler et on prend la plume pour les coucher sur papier. Les années d'Annie Ernaux sont aussi un peu les nôtres et nous font écrire. J'ai aussi beaucoup pensé au livre Les Choses de Georges Pérec, avec cette différence que peut-être l'auteur est moins dans la neutralité et règle ses comptes avec l'actualité. Annie Ernaux ne se cache pas qu'elle vote à gauche et que c'est pour elle "le bon coté".

L'arrivée de plus en plus massive des choses faisait reculer le passé. Les gens ne s'interrogeaient pas sur leur utilité, ils avaient simplement envie de les avoir et souffraient de ne pas gagner assez d'argent pour se les payer immédiatement. Ils s'habituaient à rédiger des chèques, découvraient les « facilités de paiement », le crédit Sofinco. Ils étaient à l'aise avec la nouveauté, tiraient fierté de se servir d'un aspirateur et d'un sèche-cheveux électrique. La curiosité l'emportait sur la défiance. On découvrait le cru et le flambé, le steak tartare, au poivre, les épices et le ketchup, le poisson pané et la purée en flocon, les petits pois surgelés, les coeurs de palmier, l'after-shave, l'Obao dans la baignoire et le Canigou pour les chiens. Les Coop et Familistère faisaient place aux supermarchés où les clients s'enchantaient de toucher la marchandise avant de l'avoir payée. On se sentait libre, on ne demandait rien à personne. P.93 du Folio.
Pour Annie Ernaux, la vie et l'écriture se rejoignent et s'enlacent, c'est un dépassement de soi, une transformation du vécu. Comme romancière, elle pratique une forme de vérité augmentée par la mise en perspective de sa vie. Comme dans tous ses livres, elle réussit à universaliser son expérience singulière.
Curiosité, comment ce "roman d'une Française" est-il lu par un lecteur d'un autre pays, d'un autre continent ?
Critique de Nathalie Crom parue dans Télérama en 2008, cliquer pour agrandir.


dimanche 10 mars 2013

Savoir attendre de François Roustang


Sur France-culture, l'homme parlait de Socrate, de son ironie invraisemblable, de Michaux qui se méfie du langage, modèle de la réalité, des patients qui lui envoient des lettres de remerciement, alors que, dit-il, je ne suis que l'instrument, la corde qui fait vibrer. C'est une parole modeste, de thérapeute qui sait qu'il a affaire à des forces plus grandes que lui et qui prône le détachement. Cela me donne envie de lire ce poche qui végète dans une pile.
6,68 euros chez Gibert

François Roustang, Savoir attendre.
Avec des phrases simples, une sorte de "ligne claire" dans le style,  François Roustang donne sa vision de l'attente. En lisant ce livre, on avance, pas à pas,  dans une pensée du lâcher prise. Roustang minore sans cesse le rôle du thérapeute, cette personne qui doit oublier tout savoir, toute expérience avant de recevoir son patient afin de laisser celui-ci exister dans sa singularité. Il sait que ne pas faire de thérapie donne parfois d'aussi bons résultats que la thérapie elle-même, le patient venant aussi chercher une autorisation de transformer son existence. Et Roustang sait que le patient trouve parfois son avantage à rester malheureux.

Au fur et à mesure de la lecture, on a l'impression de voir le thérapeute occidental se transformer en vieux sage orientalisant, dénuement et détachement de soi. Il contrecarre les idées toutes faites, les stéréotypes psychologisants (le fameux et stérilisant "c'est juste une question de volonté"), l'excès de cartésianisme. Bref, on est à la frontière du philosophique qui aide à vivre, le genre de livre à reprendre quand on est coincé dans une situation, quand on rumine les mêmes discours.

Phrases volées :

-Tant que la souffrance n'a pas atteint un certain seuil d'insupportable, le coût du changement est supérieur à la dépense occasionnée par le mal.(p.28)
 -L’être humain ne peut pas s'empêcher de penser et de ressentir que le changement se paie au prix fort de l'aventure. P. 36
-Ce serait oublier que les humains tiennent plus à leurs souffrances qu'à leur bonheur et qu'ils sont plus capables des plus subtiles inventions pour les entretenir. P53
-La décison est une folie, disait Kierkegaard.

-Nombreuses sont les personnes aujourd'hui, que l'on catalogue comme états limites et qu'il vaudrait mieux nommer frontaliers, qui ont avec la réalité un rapport incertain. Elles s'étonnent et s'inquiètent d'être envahies de sensations ou de perceptions qu'elles ne peuvent pas dire et partager avec d'autres sous peine d'être taxées de folie ou d'aliénation. Si elle sont au contraire entendues comme porteuses d'un don ignoré de la plupart, don qui peut rendre leurs relations aux autres plus avisées et aux choses mieux adaptées, elles peuvent s'apaiser et avoir moins peur de leur différence. P.65

-Il en est de même de ces dialogues intérieurs qui ne progressent pas, qui remplissent la tête jusqu'à la fatigue, qui reviennent sans cesse sur les mêmes circonstances soit pour nous y donner un rôle que nous n'avons pas pu tenir (...) ces entreprises sont vaines, parce que nous nous tenons alors dans le passé  pour tenter de faire qu'il n'ait pas eu lieu ou qu'il ait été autrement qu'il n'est. P. 111

-La solution d'un problème humain ne s'effectue jamais par une réponse à la question pourquoi. P.112

-Un jour, un homme accablé par le souci de lui-même et qui avait touché au dégoût de soi est venu me voir pour en être délivré. (voir ici )p124

-Quelle est la visée du rapport entre l'hypnothérapeute et l'hypnotisé ? Pour ma part, la réponse ne fait pas de doute: c'est une modification immédiate.

-S'absorber dans la respiration...elle est le lieu où quelque chose de l'être humain est actif indépendamment de toute intervention de sa part et sur quoi il peut cependant intervenir pour en modifier le rythme, la suspendre un instant et la reprendre. P.165

-La transe est par définition une redistribution des cartes.

-Le thérapeute fait pression, comme quelqu'un qui a du goût pour la liberté et voudrait bien qu'un autre puisse en apprécier le fruit. Il pousse comme le vent favorable, mais il ne force pas. Car nul ne peut vouloir quelque chose pour un autre, surtout si cela lui est essentiel. P.175

-D'abord, ce n'est pas moi qui ai écrit...L'impersonnalité de leur oeuvre est revendiquée par nombre de peintres et d'écrivains. P.182

-Il nous est bien difficile d'admettre que l'efficacité d'une thérapie, comme la valeur d'une oeuvre, ne naît pas de nous; elle vient du dehors, elle vient d'avant, elle vient de ce qui est alentour et qui nous porte. P.191

dimanche 3 mars 2013

La France amère



Voyages en France, d'Éric Dupin, un bouquin terrible et déprimant.
C'est la vie moderne, on est foutu. Le sous-titre du bouquin est bien choisi: la fatigue de la modernité. A mon avis, c'est son éditeur, un peu déprimé, qui l'a choisi, comme un avertissement au lecteur. Le pire, c'est qu'on n'apprend rien sur notre pays. Il a tout de même pris des photos: Voyages en France.
Pendant une centaine de pages, j'ai voyagé dans la tête du journaliste Éric Dupin qui lui-même voyageait en France. C'est le voyage répétitif, lassant et vite déprimant dans la tête d'un journaliste qui voudrait avoir un esprit ouvert, objectif sur le monde, mais qui n'y arrive pas. Sorte d'ankylose cognitive, il y a chez lui un réseau de neurones qui suit toujours la même boucle et qui conditionne son regard sur le monde.
C'est fascinant, où qu'il soit, il va voir ce qui ne va pas, il va rencontrer le grincheux de service, le franchouillard irascible, le défaut du système. Les gens qu'il rencontre sont définis par une description physique sommaire, qui tourne au procédé comique (cheveux noirs et yeux verts, barbe blanche et regard acéré, regard vif et long favoris) et n'existent que la retranscription de leurs paroles.

On a l'impression d'avoir engagé la conversation avec une vieille tata acariâtre qui va commencer à être gentille et qui ne pourra pas se retenir de balancer son piquant de fiel. On quitte le livre vaguement déprimé, en se demandant ce qui ne va pas, on a envie de se laver l'intérieur du cerveau avec une bonne lecture, un bon film, quelque chose d'un peu subversif et underground si possible.
Pour continuer un peu ma lecture, je me suis amusé à faire un petit exercice stylistique et à faire une liste de toutes les occurrences négatives qui reviennent:

  • Bernard le naturaliste misanthrope qui hait la démocratisation du numérique
  • interminables alignements de volets clos, maisons abandonnées
  • demeurer scotchés devant la télé
  • intolérance extraordinaire des vieux
  • ces blondes ridées en jeans....  ,     sa langue est vipérine
  • conspuer ce pays de merde, se dégrader, trafics, barbus, femmes voilées
  • rien n'a suivi     dépourvu de    congestionnée       porter un jugement sévère   ne parler guère en meilleur terme      qui parle fort   l'incivisme au quotidien    le public visé    une obséquiosité   
  • voir ce qui cloche       les difficultés       les dégradations   incapacité à sanctionner    les fermetures     
  • une logorrhée un rien méprisante     toisant ma pitoyable allure de randonneur 
  • encaisser de plus en plus difficilement       infestés de personnages superficiels et inefficaces              souffrant de plus en plus de l'ambiance pourrie  
  • le niveau des arrêts maladies dans la fonction publique territoriale       expert dans la chasse aux subventions    
  • regretter     désespérer    inquiéter     accuser    évolution des jeunes    crier au scandale
  • pas très optimiste     l'avenir m'inquiète    souffrir de l'explosion démographique      la convivialité n'est plus ce qu'elle était     perdu noyé dans la masse     
  • maudire le n'importe quoi français     le fléau des divorces     se moquer de    ronchonner    traiter de pauvre conne    déraisons urbaines   version outrancière   le mal fait    l'addiction consumériste     temps de transport   familles recomposées  

L'indien blanc de Craig Johnson


L'histoire est traditionnelle, l'intrigue rappelle forcément films ou séries TV, mais ce qui donne son cachet au polar c'est son style faussement simple, d'une sobriété exemplaire.
 Walt Longmire, le narrateur de l'histoire, shérif dans le Wyoming, se fait une joie de retrouver sa fille unique, juriste de talent dans un grand cabinet d'avocat de Philadelphie, joie tempérée par la perspective de rencontrer son fiancé, un type qu'il sent mal, et son instinct de père protecteur voit juste. Il accompagne son vieil ami Indien Henry Standing Bear dit l'Ours, dit La Nation Cheyenne, personnage hors-norme qui croit aux forces de l'esprit, second rôle qui reste à la lisière de l'action mais exerce une influence décisive sur elle. Mais juste après l'arrivée des deux hommes, Cady est agressée et tombe dans un coma qui risque d'être définitif. L'enquête peut commencer, l'unité du livre étant donné par les longues attentes au chevet de la jeune femme en parallèle de l'enquête.
Même si je ne me suis pas ennuyé une seconde, je dois reconnaître que le bouquin n'est pas révolutionnaire, il y a certains tics dans le style, du "déjà lu", cet espèce d'humour nonchalant qui contraste avec la gravité du propos (un vieux dur à cuire qui se demande si sa fille va survivre).
 On peut regretter aussi que la rencontre entre Henry Standing Bear et l'Indien blanc, ce jeune surdoué qui s'identifie au premier peuple de l'Amérique ne se fasse pas vraiment. Bref, j'attends plus d'un livre, et c'est pour ça que je ne lis pas que des polars, souvent corsetés par les règles du genre. L'auteur a très bonne réputation, peut-être que je reviendrai vers lui.