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samedi 12 juillet 2014

EVA, de James Hadley Chase, imposture et déchéance

Eva, de James Hadley Chase, Série noire n°6, 1947, le Livre de poche no 936, 1963, Carré noir n° 95, 1972.
James Hadley Chase était un écrivain anglais

L'homme qui nous raconte l'histoire n'est vraiment pas sympathique mais comme tout est relaté de son point de vue, on est bien obligé de le suivre. Le lecteur peut se sentir comme devant un miroir et se demander:  qu'est ce qui te permet de te croire meilleur que ce veule individu ?
« Inutile de vous raconter des histoires, vous ne valez pas mieux que les autres. »
 Ingrédients: Hollywood, une femme fatale, un écrivain raté entraîné dans la ruine, des producteurs à cigares. Clive Thurston a du succès à Hollywood, de l'argent, et de l'arrogance à revendre. Mais Clive Thurston sait que sa pièce à succès repose sur une imposture: il l'a volée à un mort. Pour se prouver qu'il vaut quelque chose en tant qu'écrivain il fréquente une femme de mauvaise vie qui le fascine.

En lisant le livre, je vois un film noir et blanc, j'entends la musique typique des films hollywoodiens des années 50, les voix des acteurs. Le whysky coule à flot, on parle beaucoup d'argent.
 Ça ne me passionne pas mais au fur et à mesure que le roman avance et qu'on assiste à cette déchéance, on sent le destin se mettre en place, l'homme est lucide
« Je commençais à penser que tout le monde avait du talent sauf moi...», il doit trouver des contrats avec des producteurs mais s'acharne à tout gâcher, souvent déprimé et désespéré parce qu'envieux et nourri de remords, il est surtout faible et accro à cette putain "magnétique" mais d'une glaciale indifférence "une nature foncièrement mauvaise" "qui n'a jamais su toute l'étendue de son pouvoir", il se compare à un morphinomane qui attend sa piqure.
« Je compris que le contact charnel d'Eva avait laissé sur moi une empreinte indélébile. »
« Étais-je donc un chien pour qu'une putain se permette de refuser mon argent et de m'interdire sa porte ? »
On commence à avoir peur de ce qui va se passer et c'est le drame bien sûr. On ne racontera pas. Sauf que la bonté des femmes n'est pas récompensée. Et que les gentilles fées n'ont pas leur place dans le roman noir.
En lisant James Hadley Chase, on ne s'attend pas à de la grande littérature, mais j'avais gardé un bon souvenir de ses romans âpres et noirs. Là, on a un peu l'impression que l'écrivain anglais a essayé d'imiter les drames hollywoodiens, ça tire à la ligne, ça se répète un peu. Ce qui se sauve le roman, c'est son sens du timing, la manière de boucler par une tragédie qui met un coup de poing au lecteur. Et la scène de la cravache... C'est une rencontre mitigée mais c'est un risque que je suis prêt à courir avec cet auteur. La chair de l'orchidée et sa succession de péripéties reste un grand souvenir de lecture.

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