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jeudi 27 février 2014

Écrire, du roman au SMS

Sciences humaines, n°253, novembre 2013
Écrire, du roman au SMS. 

Un magazine  qui stimule l'esprit.

Tout d'abord, dans son éditorial, Jean François Dortier écorne la légende de Socrate. Il est considéré comme un sage, alors qu'en observant la réalité historique, il aurait plutôt été ennemi de la démocratie athénienne, manipulateur et opposé à la lecture et l'écriture car il pensait que la mémoire en pâtirait.

On continue avec une double page contre les idées reçues à propos de la criminalité. Dans tous les pays, les chiffres des statistiques montrent une chute incroyable des crimes et délits. Un mystère qu'on tente d'expliquer soit par le travail de la police, soit le vieillissement de la population ou encore par la multiplication des systèmes antivols et des alarmes. Lire l'article: Pourquoi la criminalité chute.

Le dossier principal: l'écriture aujourd'hui.

On a prédit sa disparition, elle n'a fait que se multiplier, le journal parle de graphomanie. Pourtant, l'écriture reste un art difficile qui expose au jugement des autres. Souvenons-nous des années passées à mémoriser l'alphabet, à ânnoner les règles de l'orthographe, à faire des dictées et des rédactions, bref à suer pour parvenir à une maîtrise imparfaite.

On se lance dans le vide de la page blanche, on se relit sans cesse et le poison du doute vous tenaille sans cesse (tiens, d'ailleurs, cette phrase, ces mots ensembles "poison", "doute","tenailler, ça tient la route ces métaphores ?).

Et puis ça demande de la concentration pour arriver à canaliser dans une phrase les idées, les émotions, les sensations. On doit faire passer ces nuances avec des tournures de phrases, un vocabulaire le plus varié possible. On ne dispose pas des expressions du visage ou du ton de la voix. L'écriture est un code monomedia alors que le langage oral est dit multimedia.
Il y a aussi l'angoisse d'être lu, la peur de l'autre (oui, toi, derrière ton écran) qui va vous juger. En écrivant, on s'expose.

Dire que je n'ai jamais envoyé de SMS ! L'article se conclut sur l'essor impressionnant des messageries: 280 SMS par personnes et par mois en France. L'écrit permet de mettre une distance et d'être bien compris. Tiens, je vais peut-être m'intéresser à cet objet bizarre: le téléphone...

Jean-Claude Monod se penche ensuite sur la graphomanie numérique. Si la bible de Gutenberg signe la fin de l'art du vitrail et de l'enluminure comme récit du sacré au peuple, depuis, l'écriture a réussi à s'émanciper du papier pour conquérir l'espace numérique.
Elle n'est plus réservée à une élite car les outils numériques permettent un usage ludique et décomplexé. Les experts et journalistes divers et variés n'ont plus le monopole de la parole, n'importe qui a le droit de s'exprimer.

L'écriture est le moyen du timide pour s'exprimer, l'auteur compare longuement avec le téléphone. Elle est devenue brève, elle met à distance. Le "seul ensemble" s'est instauré, avec des gens solitaires reliés les uns aux autres avec ses codes, ses allusions.
Quand au mail, qui n'a pas eu peur d'avoir envoyé un message à quelqu'un par erreur, en faisant suivre ? Qui peut lire tous ces messages qui transitent sur le réseau ? La NSA, tiens... C'est tout de même incroyable quand on y pense ces phrases qu'on lance dans l'espace immatériel et incontrôlé du web. L'écrit sur papier, avec ses sceaux, les lettres de cachet, paraissait plus sûr.

Les écrivains. 
Pourquoi écrivent-ils ? Reconnaissance, argent, nécessité vitale ? Pour aller au bout, il faut de la détermination, du labeur et un lecteur avisé qui vous donne un retour.
L'écrivain va mettre des mots sur toutes ses sensations, ses souvenirs, ses idées et ainsi les clarifier. Il crée des mondes. La fiction lui permet de transposer les démons qui le hantent dans un petit théâtre extérieur et virtuel. Il échappe à lui-même en endossant d'autres identités qui lui offrent des libertés. Écrire devient une manière d'apprendre à vivre. Il peut aussi capter l'air du temps, les mentalités et le fonctionnement de la société: les romanciers deviennent les historiens de l'intangible, de tout ce qui ne peut pas être mis en chiffres dans les rapports. Il vient saisir la vie dans ses filets.

Journal intime. 
3 millions de personnes tiennent un journal intime. Souvent tenu en périodes de crise, ruptures, maladie, il permet d'exprimer des choses confuses, de clarifier. C'est "l'ami idéal".

Ma pratique (depuis l'âge de 17 ans): je n'aime pas le mot intime accolé à journal, pour moi, c'est un exercice quasi méditatif, un travail de mémoire, un herbier de choses vues.

Lister. 
Les listes se croisent et s'imbriquent, du petit rien au grand tout. La liste-reine, celle qui voudrait tout contenir, n'est qu'une chimère.
Autres noms: inventaire, catalogage.
Ma pratique: j'ai des dizaines de carnets remplis de listes de mots glanés, capturés au cours de lectures. Décomposer le texte en deux ou trois colonnes (noms, verbes, adjectifs) était une manière d'essayer de percer son secret, son alchimie.
des listes de mots
Des carnets remplis de mots

Jack Goody montre que la liste écrite a changé l'esprit des hommes au cours de l'histoire. Elle a créé de nouvelles aptitudes dans l'esprit humain en organisant, classant l'information. La liste pratique décrit la vie domestique. Le ticket de caisse du supermarché notre consommation à un moment donné. Elles sont faites à 73,5 % par des femmes. Et puis il y a les listes à valeur compétitives de nos sociétés modernes: le CV est une liste, un bilan (de compétence, socio-pro...) est une liste....

Et encore une envie de livre: Jack Goody, La Raison graphique.

Dernier article, Jacques Riffault parle de la difficulté et les scrupules du travailleur social pour transcrire la vérité des autres. Parler des autres, c'est aussi parler de soi. La production des écrits des travailleurs sociaux (signalements, rapports, enquêtes, compte-rendu) a explosé depuis les années 90. En décrivant, en évaluant une situation donnée, il la fige, il a donc une responsabilité qui l'oblige à se poser les bonnes questions.

Citoyenneté des sourds
Pour finir, un article de saine colère d'un formateur en langue des signes sur la situation des sourds, victime d'une citoyenneté de second ordre. Il revient sur l'histoire de la langue des signes, la répression dont elle a été victime. Cela m'a rappelé une biographie de Braille lu il y a quelques années, et la logique erronnée des "valides", le point de vue biaisé, sur la situation des gens en situation de handicap. Retenons l'essentiel: la LSF est le moyen essentiel pour les sourds pour se développer intellectuellement, cognitivement. Il y a une culture des sourds qui désigne la façon dont on perçoit le monde, dont on le nomme.
Connue depuis le Ve siècle av. J.‑C., la langue des signes a été souvent 
rejetée par les institutions. Le récit de son histoire montre qu’elle mérite d’être reconnue aujourd’hui comme une culture à part entière.

samedi 22 février 2014

Le sorcier Quiriny se penche sur un village français...

Bernard Quiriny, Le village évanoui (Flammarion). Janvier 2014.


D'abord, il y a le plaisir de recevoir un livre par la poste. On tire la grande enveloppe matelassée de la boîte aux lettres puis on l'ouvre et on découvre le livre neuf. Choisi dans la liste déroulante de Masse critique sur Babelio. Merci à eux, et merci à Flammarion de faire confiance aux lecteurs blogueurs.

Ça commence comme un article de Wikipédia, le village de Châtillon-en-Bierre est présenté d'un ton neutre, descriptif, et le narrateur omniscient conclut:

 « Planter le décor était nécessaire, car de là, nous ne sortirons pas. »

Le lecteur reconnaît ce village si typiquement français, avec son canal, son chemin de halage, sa salle communale, le château à l'entrée du village. On est d'ici, des lieux familiers se superposent dans notre esprit.

 Le narrateur nous transporte d'un bout à l'autre du canton, il nous fait entrer dans les chaumières et il brosse le caractères des vrais gens qui le peuplent: le maire Agnelet, le gourou malgré lui Verviers, le prêtre Delapierre, le gendarme Pakiewicz, le coupable Navolli et bien d'autres encore.

Donc, on a pas de mal à comprendre l'effroi des habitants quand surgit l'absurde, l'impensable: un mal mystérieux frappe les voitures qui stoppent toutes au même endroit. On ne va pas plus loin. Il y a bien le facteur qui tente l'aventure sur son vélo:
Cet athlète expédiait quotidiennement une tournée de vingt-cinq kilomètres avec quatre sacs de courrier accrochés à son cadre (...) autant dire qu'il serait tout de suite à Ruet, le prochain village, cinq kilomètres plus loin. (...) Après vingt minutes d'efforts, toujours rien. Quelque chose clochait. Chaque coup de pédale semblait rajouter à la distance à parcourir. (...) Midi sonnait au clocher quand il rentra à Châtillon épuisé. Il fit sensation en déclarant que quitter Châtillon n'était décidément plus possible, même à vélo. 
Et plus rien ne vient, plus rien ne rentre. Ce n'est pas le dôme mystérieux du roman de Stephen King, c'est juste comme si Châtillon flottait mystérieusement dans un gris isolé du monde.  Les habitants sont soudain précipités en vase clos, directement dans la marmite du fantastique.

Que va-t-il se passer dans ce village sous cloche, condamné à l'autarcie? Comment survivre sans les biens de première nécessité qui ne peuvent être amenés de l'extérieur ? On doit se réinventer, se mettre à vivre comme autrefois quand le jardin, les champs alentours, les bêtes qui y paissent, étaient notre seule terre nourricière. L'agriculteur retrouve sa place essentielle dans l'économie locale. Une denrée exotique comme le café disparaît. On ressort les alambics pour faire du mauvais alcool. Un moulin est construit pour le pain.

A partir de cette situation, l'écrivain Bernard Quiriny, penché au-dessus de son village-test, décrit ce qui s'y passe, comme un apprenti sorcier, comme un chimiste en herbe qui dose ses fioles, met une goutte de crime ici, et ce qui s'ensuit, une dose de sécession là, puis stoppe la réaction en introduisant un accident.  Il essaie de comprendre ce que ses créatures ressentent, fait parler tour à tour les habitants. Toujours avec ce zeste d'irréel plaqué sur la réalité quotidienne.
Autant dire que c'est jouissif avec ce style faussement modeste de fantastique à la Marcel Aymé. Oui, souvenirs de lecture d'enfant, l'histoire du Passe-muraille, inspiration de Bernard Quiriny.
Dans le final, l'auteur ré-insuffle une dose de fantastique, légère, très diluée, suggestive, aiguillant l'esprit du lecteur vers le domaine des rêves possibles. Très bon roman. Évidemment les amateurs de fantastique pur et dur seront déçus, il n'y a pas de grande explication, de résolution. Du coup l'image qu'on garde en mémoire est celle d'une géographie imaginaire de 15 km2 qui ressemble à la nôtre. Et si ça arrivait chez nous...

mardi 11 février 2014

Méditer jour après jour

Méditer, jour après jour, de Christophe André. (L'iconoclaste)


Voilà. J'ai fini ce beau livre, bien écrit, aux phrases imprégnées d'un calme profond. Nourri par une connaissance du sujet de la méditation puisé aux meilleures sources. Je retrouve, simplifiées, unifiées, les connaissances sur la méditation déjà vues dans ce précédent billet.

La pleine conscience, qui est là, tout près, mais où nous n'allons jamais. Juste un pas de coté, "créer un tout petit espace pour se voir faire".
Et puis c'est une bonne piqûre de rappel. Il explique, page 251, que les rechutes du pratiquant sont la règle:
L'entraînement de l'esprit est une ascèse: derrière la simplicité de la pratique se cache la difficulté de la régularité. Et il est aussi une école de patience: il faut toujours renoncer à un effet immédiat. 
Peintures
Il procure un plaisir esthétique grâce aux peintures qui l'illustre, des chef d’œuvres choisis pour la leçon qu'elles permettent de délivrer, La chute d'Icare sur la douleur et la présence au monde, le paysage enneigé et la pie dans le soleil pour vivre l'instant présent. Certaines sont très connues, le philosophe en méditation de Rembrandt, et on les redécouvre, on apprend à les regarder. On les voit d'abord dans leur entier sur la page, puis des détails sont mis en valeur, sur un très beau papier. On en découvre d'autres, mystérieuses, comme L'escamoteur de Jérôme Bosch, le portrait de Félix Fénéon de Paul Signac, le principe du plaisir de Magritte. Il m'a donné l'envie d'aller à la rencontre de tous ces peintres, et déchiffrer le rébus, l'énigme qui se cache derrière chaque toile.

Mémorisation efficace par association d'esprit.
Chaque image ouvre une réflexion et cela a un effet positif sur notre mémoire. Nous associons l'image avec le concept de la méditation. Nous apprenons et nous nous souvenons mieux. Quand je revois la peinture, je cherche dans mon esprit à quelle idée elle est reliée, le titre m'aide, et je me souviens. Par exemple, Verre d'eau et cafetière de Chardin et « Voir l'invisible » ou « Affûter son esprit » avec le portrait de Thomas More par Hans Holbein.

Ce fut un temps de lecture apaisant, avec des phrases simples qui font du bien. Rien que pour ça...Si je pense "ma vie est triste", je peux faire un pas de coté et me dire: je suis en train de penser que ma vie est triste.
Le docteur Christophe André (un vrai doc qui a fait ses années d'internat, le dur, l'organique) parle aussi des environnements psychotoxiques:
« Il y a des pollutions chimiques: elles contaminent les aliments, l'air, l'eau. Et des pollutions psychiques, qui contaminent notre esprit, violent notre intimité, perturbent notre stabilité intérieure. Slogans, publicités et autre manipulations commerciales: il existe de nombreuses études sur ce matérialisme psychotoxique. Par exemple, des vols d'attention, de conscience et d'intériorité. Dans quel état finit notre esprit, à force de vols d'attention ? Notre attention finit par devenir "accro" au bruyant, au clinquant, au facile, au prédigéré, au prépensé. »
Au final, un livre au succès largement mérité et au prix honnête (25 euros) compte tenu de la qualité iconographique, de la maquette très soignée et la qualité du papier. Avec en plus un cd que je n'ai pas encore eu le temps d'écouter. Il comprend 10 méditations guidées au format mp3.
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Esprit chagrin. La seule petite critique que je me permets de formuler, c'est le coté parfois trop gentil de tout ça, qui m'avait déjà gêné en écoutant Christophe André dans les podcasts radio. D'ailleurs, ce n'est pas une critique, plutôt un questionnement.
Qu'en est-il de l'artiste, de l'écrivain qui va se servir de ses tourments, de sa névrose pour créer, en la sublimant. Si le tourmenté, l'état frontalier a été soigné, sa création n'existe plus. On peut prendre des cas extrêmes décrit sur ce blog, celui de Marina de Van qui fait de son addiction un objet esthétique, Bukowski qui fait de son coté "vieux dégueulasse" quelque chose de drôle explorant des pans de littérature. Et si Modiano est guéri de sa timidité maladive, est-ce qu'il s'évade dans son oeuvre de la même manière, donnant des livres que le lecteur met plus de temps à rêver qu'à lire ? Et si Céline se met à méditer et s'ouvre à la compassion, améliorant son caractère de pauvre type est-ce qu'il nous donne le génial Mort à crédit ?
 L'auteur le plus cité par Christophe André est Christian Bobin. C'est bien, Bobin, mais si vous ne lisez que ça, c'est un peu manger de la guimauve à la sauce christique. Oui, je fais mon esprit chagrin, je ne perds pas de vue que le psychiatre Christophe André doit  essayer de soulager des maladies psychiques dans son expérience clinique. Il n'a pas forcément envie de lire du Houellebecq en revenant le soir à la maison.
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Pour mémoire, liste des oeuvres reproduites: 

  • Le philosophe en méditation, de Rembrandt
  • La pie, de Claude Monet. 
  • Bannières en forme de carpes à Tokyo, de Louis Dumoulin
  • Pierrot, dit autrefois Gilles, de Watteau
  • Train dans la campagne, de Claude Monet
  • Reflection, de Peter Doig
  • La Mélancolie de Lucien Cranach l'Ancien
  • L'Escamoteur, de Jérôme Bosch
  • La Madeleine pénitente, de Georges de la Tour
  • Gas (Station service) de Edward Hopper
  • Verre d'eau et cafetière, de Jean-Baptiste Chardin
  • Portrait de Félix Fénéon, de Paul Signac
  • Les raboteurs de parquet, de Gustave Caillebotte
  • Thomas More, de Hans Holbein le Jeune
  • La Vierge de l'Annonciation, de Antonello da Messina
  • L'homme à sa fenêtre, de Samuel Van Hougstratten
  • L'Espérance, de Pierre Puvis de Chavannes
  • La chute d'Icare, de Pieter Breughel l'ancien
  • Christina's world, d'Andrew Wyeth
  • Le Christ aux outrages, de Fra Angelico
  • Approach to Venice, de Turner
  • Saint Jérôme dans son cabinet de travail, de Antonello da Messina
  • Le voyageur au-dessus de la mer de nuages, de Caspar David Friedrich
  • Siméon au temple de Rembrandt
  • Le principe du plaisir, de René Magritte
  • Champs de blanchiment dans la campagne, près de Haarlem, de Jacob Van Ruysdael.



mardi 4 février 2014

Cartographie des nuages

Cartographie des nuages, de David Mitchell. Points Seuil, traduit par Manuel Berri. 

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Je suis entré dans ce livre sans trop savoir où il m'emmenait et je ne suis arrivé nulle part. J'en suis sorti groggy -la profusion des histoires, leur poids historique- et insatisfait - la gratuité de ces fictions.

David Mitchell est un très bon écrivain, c'est même un virtuose. Il sait faire vivre un diariste de 1850, il adopte à la perfection, sous forme épistolaire, le point de vue picaresque d'un jeune musicien de génie qui donne un nouvel élan à un vieux compositeur . Les pieds de nez à la mort de Luisa De Rey constituent les ressorts d'un efficace petit thriller.
Il sait amuser avec le récit à la première personne d'un vieil éditeur malchanceux. Il fait montre d'un énorme talent pour créer le langage parlé d'un ancêtre des temps futurs qui raconte la fin de sa tribu au coin du feu. C'est même mon histoire préférée, sur 100 pages. C'est comme si il nous disait: regardez comme je suis bon, comme je suis capable de tout faire, de brasser tellement d'univers et de registres langagiers différents. Mais quelle est sa raisons profonde d'écrire ?

Ses fictions semblent sorties de nulle-part, elles sont divertissantes et gratuites. Je n'ai pu m'identifier à aucun personnage, aucune phrase ne m'a donné envie de la voler pour la mettre à mon service. Je me suis juste laissé mener par des narrations bien fichues et très bien écrites, on sent qu'il puise son inspiration chez les meilleurs.
J'ai eu le plaisir du mot, du langage recréé, avec les néologismes de son Neandertal du futur: raciner l'esprit, fantômeux, raffuter, esclaver, crétiner, s'indéciser, charabier, charogner, brouillarder, dépustuler les yeux, zigrimpait, fauconnoeiller , et ceux du récit de SF:  se morpher, être faciexfolié, neurotorture, revisager, disneyrium, neurotorture, implémenteur d'âmes.

Mon avis dénote tellement dans le concert de louanges que je suis peut-être passé à coté. J'ai juste l'impression d'avoir lu les 700 pages d'un imitateur de génie qui veut aspirer à l'universel. On devrait lire ce livre comme un recueil de nouvelles, les éléments qui les relient faisant réfléchir le lecteur.
Et puis ce que je déteste ces couvertures qui reproduisent les images du film adapté....
D'autres avis (en général positif) sur Babelio.